Historique

En 1896, les fondateurs de la Compagnie de pulpe de Chicoutimi posent la première pierre de ce qui deviendra rapidement un véritable empire. Plus d’un siècle plus tard, leurs installations ont fait place à un autre projet d’envergure: LA PULPERIE DE CHICOUTIMI / MUSÉE RÉGIONAL.

À la fin du XIXe siècle, le contexte mondial favorise les grands développements industriels. Un groupe d’hommes d’affaires canadiens-français fonde alors la Compagnie de pulpe de Chicoutimi. Le projet est ambitieux. Il vise à combattre la morosité économique ambiante et à inscrire Chicoutimi dans le courant international en lui donnant les moyens de se développer.

Le démarrage de l’entreprise est fulgurant. Aucun obstacle ne semble vouloir freiner l’enthousiasme des dirigeants de la Compagnie de pulpe de Chicoutimi, qui créent de toutes pièces un empire au sein d’un “Royaume”. Pendant près de 30 ans, la compagnie a le vent dans les voiles, et la région profite largement de ses succès.

Imaginer l’avenir est une activité stimulante. Pouvoir le façonner selon ses propres plans l’est encore davantage. C’est sans doute cet esprit qui anima les fondateurs de la Compagnie de pulpe de Chicoutimi. Fiers habitants du “Royaume du Saguenay”, ils ont fait éclater les frontières de leur imagination pour construire un empire qui aura rejailli sur l’ensemble de la région. Cent ans plus tard, leurs réalisations servent d’inspiration au développement de La Pulperie de Chicoutimi / Musée régional.

Sur le plan économique, la fin du XIXe siècle représente un âge d’or pour l’argent ! L’année 1896 marque le début d’une phase de croissance sans précédent dans les pays industrialisés.

Le Canada et le Québec profitent de cette nouvelle conjoncture internationale. Le gouvernement et les entreprises se lancent dans de vastes projets de développement. On mise sur les richesses naturelles de Chicoutimi : l’eau et le bois, ainsi que sur la facilité de transport et la main-d’oeuvre abondante.

Élu maire de Chicoutimi en 1895, Joseph-Dominique Guay s’associe à quelques amis et forme, le 6 décembre 1896, la Compagnie de pulpe de Chicoutimi. Ce jour-là naît la première industrie du secteur des pâtes et papiers, dont les actionnaires et le bureau de direction proviennent essentiellement des milieux d’affaires canadiens-français.

Un produit en grande demande: la pulpe

Au tournant du siècle, l’urbanisation, la scolarisation, la rareté du chiffon et la popularité croissante de la presse en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest font grimper la valeur du bois et de ses dérivés. Depuis la découverte d’un procédé de fabrication de pâte mécanique, la pulpe représente un gage de richesse. Elle entre pour une part importante dans la production du papier-journal.

La réputation de la Compagnie de pulpe de Chicoutimi ne tarde pas à franchir les frontières du pays. Elle exporte les trois quarts de sa production vers l’Europe, principalement en Angleterre, tandis que le marché new-yorkais absorbe le reste. Avec un tel volume d’exportation, la compagnie se forge une réputation de qualité à l’échelle mondiale. Elle obtient sa première reconnaissance officielle à Paris, lors de l’Exposition universelle de 1900, où elle remporte une médaille d’or pour la qualité de sa production. Les papetiers de partout en Europe doivent maintenant compter avec la présence de cette usine. Des équipes de cinéma, comme les studios Pathé, traversent l’Atlantique pour installer leur plateau de tournage à Chicoutimi, qui est vite surnommée “La Ville de la pulpe”. Cette réussite s’accompagne d’une expansion fracassante de ses installations.

Les nations où les sapins baumiers et les épinettes abondent, comme le Canada, sont vite sollicitées pour fournir la précieuse matière. Une vive concurrence ne tarde pas à s’installer entre elles, chacune voulant profiter au maximum de cette prodigieuse source de revenus. La Compagnie de pulpe de Chicoutimi deviendra rapidement l’un des acteurs principaux de cette lutte commerciale.

Julien-Édouard-Alfred Dubuc Photographie noir et blanc de Montminy, 1911 Collection : La Pulperie de Chicoutimi / Musée régional, 1975-3151

Julien-Édouard-Alfred Dubuc Photographie noir et blanc de Montminy, 1911 Collection : La Pulperie de Chicoutimi / Musée régional, 1975-3151

Joseph-Dominique Guay s’associe à un jeune banquier, Julien-Édouard-Alfred Dubuc, et le nomme directeur-gérant de la nouvelle compagnie. En 1898, à peine le premier moulin est-il en opération qu’il faut déjà songer à l’agrandir. En 1903, pour remplir ses commandes et respecter ses engagements, la compagnie inaugure son second moulin. La compagnie a le vent dans les voiles. Trois cent cinquante hommes travaillent jour et nuit dans ses moulins, et huit cents autres dans les chantiers.

Une ascension constante

En 1910, après seulement 12 ans d’activité, la Compagnie de pulpe de Chicoutimi se hisse au premier rang des producteurs de pulpe au Canada. Elle compte parmi ses clients les trois quarts des plus grandes papetières anglaises. La Première Guerre mondiale et des grèves dans les moulins scandinaves contribuent à accroître la demande. En 1912, on entreprend donc la construction d’un troisième moulin, adjacent au premier.

En 1912, on y construit un troisième moulin et en 1919, on agrandit le bâtiment construit en 1903. Au début des années 1920, la compagnie emploie jusqu’à 2 000 hommes sur une population totale de 8 000 personnes. En 1921, la Compagnie de pulpe construit un imposant atelier de réparation mécanique. C’est dans ce bâtiment que loge aujourd’hui le musée régional.

La chute

À compter de 1921, les affaires se corsent. La conjoncture n’est plus la même; les prix se mettent à chuter de manière drastique. Avec tous ses projets d’agrandissement, la compagnie s’est endettée. Julien-Édouard-Alfred Dubuc, l’âme dirigeante de la compagnie, démissionne en 1923. En mars 1924, la Compagnie de pulpe de Chicoutimi liquide tous ses biens. Malgré une importante restructuration, la chute des commandes et des prix amène la fermeture définitive des moulins en 1930.

Sauvés du pic des démolisseurs à la fin des années 1970, les anciens bâtiments sont graduellement restaurés et contribuent désormais à la vocation touristique et culturelle du lieu.

La Pulperie de Chicoutimi menacée par le torrent

Le jeudi 18 juillet 1996, une importante dépression atmosphérique se forme au-dessus des Grands Lacs. La bande de nuages, longue de 4 000 km, se déplace rapidement. Avant de terminer sa course dans l’océan Atlantique, elle s’immobilise au-dessus de la réserve faunique des Laurentides, recouvrant la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord.

Au contact des montagnes, les masses d’air humide accompagnant la dépression sont poussées vers les sommets. Elles se refroidissent et se condensent, augmentant ainsi la masse nuageuse et provoquant d’importantes précipitations.

Les premières gouttes d’eau tombent dans la nuit du 18 au 19 juillet. En 48 heures, le Saguenay-Lac-Saint-Jean reçoit de 150 à 280 mm de pluie alors que la moyenne habituelle pour ce mois est d’environ 125 mm. Ces précipitations abondantes s’ajoutent aux 120,5 mm déjà enregistrés depuis le début de juillet qui auront déjà saturé les sols, rempli les réservoirs et augmenté le débit de plusieurs rivières. L’ensemble des éléments est ainsi réuni pour causer une inondation catastrophique. Un réel déluge !

En 1896, le volume et le débit d’eau de la Rivière Chicoutimi avaient incité les dirigeants de la Compagnie de pulpe à installer leur usine sur les rives de ce cours d’eau afin de profiter de sa force motrice. Un siècle plus tard, la rivière, gonflée à bloc, envahit une partie importante de La Pulperie. Son débit est 11 fois plus élevé qu’en temps normal.

Dans sa course déchaînée, l’eau détruit des murs de pierre centenaires, des aménagements paysagers et des infrastructures d’interprétation et de services. En quelques heures, le résultat de plusieurs années de restauration du site de La Pulperie de Chicoutimi s’effondre. Le Jardin des Vestiges (1898) est complètement détruit. Dans sa fougue, l’eau met à nu le roc sur lequel reposent les bâtiments et révèle les fondations d’une construction attenante au moulin Sainte-Marie, datant de 1903. L’eau traverse également le théâtre aménagé dans le bâtiment 1912. Tout est emporté. De la scène aux sièges, en passant par le système d’éclairage et le mobilier, tout a disparu. Il ne reste, pour en témoigner, que les murs et le toit rouge. Le bilan final est lourd et imposera d’importants travaux de reconstruction.

En juin 2002, La Pulperie de Chicoutimi a réouvert ses portes.

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